22 oct. 2010
60 heures de course pour une bonne cause
NEW YORK - Mission accomplie pour les huit Québécois qui sont partis de Montréal, vendredi, et qui ont couru les 610 kilomètres jusqu'à New York en un temps record de 60 heures.
Ils ont célébré ça avec une douche de champagne devant l'Empire State Building.
Ils ont descendu Broadway depuis le Bronx, ont tourné à gauche sur la 34e Rue, et c'est bras dessus, bras dessous qu'ils ont franchi les derniers mètres, jusqu'à la porte de l'Empire State Building. Ils étaient comme un seul homme, en plein milieu de la voie réservée aux autobus, comme si la ville leur appartenait.
Il était 9 h, et les New-Yorkais, qui marchaient d'un pas pressé vers le boulot, étaient loin de se douter que ce groupe de huit Québécois, âgés en 23 et 45 ans, venait de courir 610 km en 60 heures. Ils avaient l'air plutôt heureux qu'épuisés au moment où ils ont touché la plaque de métal du célèbre immeuble. Stéphane Martel, 39 ans, dépisteur de tendances et talents de Montréal, est allé directement vers le portier. «On arrive de Montréal à la course, lui a-t-il lancé. -Wow, c'est combien de milles ça?» lui a-t-il répondu, incrédule. «Est-ce qu'on va monter les marches maintenant?» a balancé Sébastien St-Hilaire, de Montréal.
Deux marathons en trois jours
Ils avaient de quoi être fiers. Ils ont chacun couru entre 84 et 88 km, soit l'équivalent de deux marathons en trois jours. Ce défi Montréal-New York était organisé par la Fondation Esprit de Corps. Les 5000$ amassés jusqu'à présent iront à des familles monoparentales en difficulté. Environ 10 familles pourront ainsi se rendre, en décembre, en expédition au mont Washington. C'est la cinquième édition de cette course.
La plupart des participants ne se connaissaient pas et n'avaient jamais couru de grandes distances auparavant. Ils se sont entraînés pendant deux mois. Ils sont partis vendredi soir de Montréal, dans la tempête, escortés par d'autres coureurs pour les 10 premiers kilomètres. Ils ont ensuite emprunté la route 9 vers le sud, suivis par leur motorisé. Ils ont été interceptés quelques fois par des autos- patrouilles, mais tout s'est bien déroulé.
La musique dans les oreilles
Chaque participant a couru des tronçons de 10 km, suivis d'un repos de six heures. Le plus difficile? «Se faire réveiller à 3 h pour prendre le relais et les douleurs aux mollets», a confié Thibaut Jegou, 23 ans, le plus jeune du groupe. Ils ont couru avec de la musique techno, rock, électro et punk dans les oreilles, sauf Andrew Hlavacek enseignant d'anglais langue seconde, qui a préféré le silence.
Le motorisé leur a servi de centrale pour dormir, manger, se laver avec des lingettes et alimenter leurs réseaux sociaux de photos. Ils n'avaient qu'une envie à leur arrivée, c'était de trouver la douche la plus proche.
Ils ont conclu cette arrivée en s'arrosant de champagne sur Fifth Avenue, devant l'Empire State Building, avec l'approbation du policier juste à côté. «Voulez-vous un verre ?» lui a demandé à la blague Sébastien St-Hilaire.
Texte: Journal de Montréal 19 octobre 2010
|